L’école de Biologie pratique est née en 1952, année historique pour la biologie. Pendant que l’UCLy organise ses premiers cours de science, Rosalind Franklin capture le célèbre « cliché 51 » qui permettra de décoder la structure en double-hélice de l’ADN. C’est le point de départ d’une explosion de la recherche en génétique, microbiologie, biologie moléculaire…L’ensemble des disciplines qui composent aujourd’hui les biotechnologies.
Créée à l’initiative d’industriels lyonnais pour former des techniciens de laboratoires, l’école (devenue l’ESTBB en 1971) a peu à peu enrichi son enseignement pour répondre aux besoins de nouveaux métiers, de nouveaux spécialistes. Cette expertise, avec une priorité affichée pour l’intégration professionnelle, a abouti pour ses 70 ans à une reconnaissance comme École d’Ingénieurs en Biotechnologies, habilitée par la Commission des Titres d’Ingénieurs.
« Tout ça n’aurait pas pu se faire sans un travail acharné, de toutes les équipes, à tous les niveaux » explique Isabelle Hardy, directrice de l’ESTBB.
Répondre aux enjeux de demain
Industriel de la biologie et philanthrope lyonnais, Alain Mérieux a vu de ses propres yeux la croissance extraordinaire du domaine des biotechnologies. À la tête de l’Institut Mérieux, il a été à la pointe de cette révolution. Pour cet anniversaire, il était l’un des invités d’une table ronde organisée dans l’amphithéâtre de l’UCLy qui porte son nom. Il se souvient : « En 1959 quand je deviens interne en pharmacie, les médecins avec lesquels je travaillais exerçaient une médecine encore proche de celle que mon grand-père a connue à la fin du XIXème siècle lorsqu’il a créé son laboratoire de biologie. »
Depuis, les choses ont bien changé. Le Covid l’a montré, les biotechnologies sont au cœur des enjeux de société. Tous en témoignent, les biotechnologies sont au cœur des enjeux de société et les entreprises de biotechnologies travaillent désormais sur des domaines de plus en plus variés. Au sein du géant Bayer, Benoît Hartmann travaille à réduire l’empreinte carbone de la production d’engrais. MaaT Pharma et Carole Schwintner travaillent sur les premières thérapies utilisant le microbiote humain pour lutter contre le cancer. Virgile Monnet et Eurofins Biomnis envisagent quant à eux une biologie de plus en plus fine et individualisée, au service de la santé.
La panoplie des domaines qui s’ouvrent aux étudiants de l’ESTBB est donc de plus en plus vaste, les connaissances demandées de plus en plus pointues. Benoît Hartmann veut le croire : « Résoudre les problèmes de la planète ne se fera qu’avec la science, pas sans elle. »
Alain Mérieux encourage l'auditoire : « En tant que scientifiques vous devez continuer d’apprendre à apprendre. Vous êtes dans un métier d’avenir. »
L’éthique : Une exigence scientifique
« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». En 2023, la maxime de Rabelais sonne toujours juste. Confrontées au transhumanisme, aux épidémies ou au réchauffement climatique, les biotechnologies sont au cœur des questionnements actuels sur la place de l’homme et du vivant dans la société. S’ils ont l’espoir de travailler à des solutions d’avenir, les futurs ingénieurs doivent aussi apprendre à rester vigilants face aux dérives potentielles de leurs disciplines. « On a beaucoup d’espoirs pour les biotechnologies » témoigne Adeline, étudiante de l’ESTBB, « mais il faut savoir jusqu’où on peut aller, jusqu’où on peut modifier le vivant et l’exploiter. »
Cette réflexion sur l’éthique de la science fait partie de l’ADN de l’ESTBB. Comme le rappelle Olivier Artus, Recteur de l’UCLy : « Depuis sa fondation, l’ESTBB a eu à cœur de développer un véritable humanisme scientifique, au service de la société. » Cet engagement se traduit par un effort de solidarité internationale. De 2007 à 2018, l’ESTBB a piloté deux programmes de formations de techniciens de biologie médicale, au Mali et en Haïti. Aujourd’hui, ces deux formations volent de leurs propres ailes et contribuent à améliorer les systèmes de santé de manière durable.
La licence Sciences & Humanités est un autre symbole de cette recherche d’équilibre. Ce parcours interdisciplinaire est unique en France. Il propose aux étudiants d’enrichir leur cursus scientifique avec un véritable travail de Sciences Humaines, pour ajouter à leurs connaissances techniques un compas éthique fiable.
« Le progrès scientifique est devenu une force majeure, un objectif » résume Maxime Begyn, assistant chercheur à l’UCLy venu apporter le point de vue d’un philosophe aux échanges de la table ronde, « mais la science doit rester le fruit d’un discernement. »
Cette table ronde a été suivie d'une soirée réunissant étudiants, alumni, partenaires et collaborateurs, ainsi que les deux associations étudiantes ESTBB (Scientifiques Solidaires et le Bureau des étudiants) pour fêter tous ensemble les 70 ans de l'école autour de différentes animations.
